Le problème des munitions à l'uranium







Les munitions à l'uranium n'ont rien à voir avec la Bombe Atomique. Ce sont des balles et des obus en uranium appauvri.

L'uranium appauvri est un déchet de l'industrie nucléaire. De l'uranium naturel on extrait une petite proportion d'uranium 235, très radioactif, destiné aux centrales. Que reste-t-il ? De l'uranium 238, presque non-radioactif. Cet uranium 238, d'un point de vue balistique, a des avantages de taille :

Les projectiles à l'uranium sont de longs et fins cylindres d'uranium taillés à l'avant en une pointe effilée et munis à l'arrière d'un empennage comme une flèche. Ils sont souvent lancés à la vitesse maximale permise par les canons de chars ou d'avion, plus de 1 km/s. Comme ils sont beaucoup plus fins que le diamètre intérieur des canons, ils sont sertis dans un "sabot" en aluminium, qui a le bon diamètre et qui éclate à la sortie du canon pour libérer la flèche en uranium.

Quand ces sortes de flèches percutent l'objectif, plusieurs phénomènes assurent la pénétration :

Aucun blindage connu ne résiste aux obus à l'uranium. Des chars pourtant modernes sont traversés de part en part en passant par les zones les plus fortement blindées.

Les jets de matières et de métal vaporisés autour des zones de pénétration sont comparables à l'explosion d'une charge explosive. Il est inutile d'ajouter de l'explosif aux obus à l'uranium.

Le premier hic réside dans cette vaporisation qui a lieu là où le projectile percute sa cible ou tout autre objet, par exemple sur une simple pierre. Il se forme un nuage aérosol d'uranium autour du point d'impact.

Si les projectiles à l'uranium se comportaient comme des projectiles conventionnels, s'ils s'aplatissaient simplement comme le font les balles en plomb, la toxicité de l'uranium ne poserait pas trop de problèmes. Avoir une bloc d'uranium sur son bureau n'est pas un grand danger, tant qu'on ne le lèche pas. Tout le problème vient du fait qu'une partie de l'uranium des projectiles est vaporisé à l'impact et que cette poussière d'uranium est ensuite massivement absorbé par les voies respiratoires des personnes proches du lieu d'impact. Elles se dépose dans les poumons puis s'infiltre lentement dans l'organisme. Une autre voie d'absorption sont les éclats d'uranium qui se figent dans les personnes qui entourent ou qui occupent le véhicule. Là aussi l'uranium va lentement diffuser dans l'organisme.

L'uranium est un métal toxique. Il se fixe dans plusieurs organes du corps. Les conséquences en sont des problèmes rénaux (des aiguilles se forment dans les reins), des douleurs osseuses (l'uranium se fixe préférentiellement près des articulations), des pertes de mémoire, des perturbations du système nerveux...

Suivant la dose absorbée, les conséquences peuvent être marginales ou très graves. Pour un soldat qui a respiré le nuage formé à la suite d'un impact, elles sont très graves. Elles sont graves pour des personnes qui inspectent des carcasses de véhicules détruits et respirent les poussières sans protection.

L'uranium 238 est peut-être "faiblement radioactif", mais il est radioactif (8000 désintégrations d'atomes par seconde pour un gramme d'uranium 238). Les personnes qui ont respiré de l'uranium 238 présentent après plusieurs mois ou plusieurs années les problèmes typiquement liés à une irradiation : cancers, enfants handicapés...




Eric Brasseur  -  1 mars 2000       [ Accueil | eric.brasseur@gmail.com ]