Toutes
les religions, toutes les oeuvres d'art, la vie de toute
personne, tout a trait au point central. Tout le monde est à la
recherche du
point central, consciemment ou inconsciemment. Le point central
pourrait être qualifié comme "le bonheur"
ou "le Paradis". L'image d'une cité
antique,
vers laquelle convergent des chemins et des routes, en est une belle
allégorie.
Les scientifiques nous disent que le bonheur est une question de
Chimie. On est heureux quand certaines molécules chimiques sont
libérées dans le cerveau. Il y a de petites glandes dans le cerveau, un
peu comme les glandes qui produisent les larmes près de nos yeux.
Quand ces glandes se mettent à couler dans notre cerveau et qu'elle le
remplissent de ces produits chimiques naturels, nous nous sentons
heureux. Je suis un scientifique et je partage tout à
fait cet avis. Je crois qu'il n'existe ni dieux ni anges, qu'il
n'existe que notre cerveau et ses petites glandes. Oui mais. Notre
cerveau est quelque
chose de diablement complexe. On peut le comparer à un ordinateur si on
veut. Mais c'est un ordinateur extraordinairement performant. Il est
drôlement compliqué à programmer. Les neurologues étudient
de près les structures du cerveau. Les trucs et les machins qu'ils
trouvent dans le cerveau sont d'une richesse inouïe. C'est encore
beaucoup plus compliqué qu'une forêt vierge ou que le jeu d'Echecs.
Alors essayons de faire
simple.
Si on veut parler du cerveau ou parler au cerveau, faisons comme nos
ancêtres : utilisons les religions,
l'éducation, les symboles, les câlins, les mythes, les histoires...
Tout
cela est en rapport avec notre cerveau et a fait ses preuves. Si
un jour on arrive a complètement comprendre le fonctionnement du
cerveau, on continuera malgré tout à lui parler avec des mythes et
des câlins. C'est ainsi qu'il fonctionne, c'est ainsi que la Nature
l'a fabriqué et c'est ainsi que nos ancêtres ont vécu. Vous ne rendrez
jamais un enfant heureux en lui montrant une photo de l'intérieur du
cerveau. Il faut lui faire un câlin et lui
raconter l'histoire du petit lapin.
Que dire du point central ? Il n'a pas un décor particulier, ni une
odeur particulière. Si on est heureux et qu'on sait pourquoi, on n'est
pas encore tout à fait au point central. On s'en approche davantage,
par exemple quand on sent que c'est une simple et puissante lumière
blanche qui vous chauffe le coeur. Quand on y est vraiment... c'est
indescriptible, parce que c'est tellement fort... et parce qu'il n'y a
rien à décrire.
Mon impression est qu'on atteint le point central quand tout semble à
sa place, quand tout est bien. C'est à dire quand toutes
les parties de notre cerveau sont à l'unisson pour approuver le
présent. Les différentes zones de notre cerveau ont des tâches, des
responsabilités et des préoccupations très différentes. Quand elles
sont toutes d'accord entre elles pour dire que là maintenant tout va
bien... c'est le Paradis. Toutes les petites glandes s'ouvrent en
grand. Il ne faut
pas prendre ceci trop au sérieux. Je crois que dans un cerveau "à
l'unisson" il y a beaucoup de petits mensonges.
Le cerveau triche toujours un peu... Peu
importe, c'est ainsi que nous sommes, cela fait partie de "notre
condition humaine".
"Tous les chemins mènent à Rome". Si Rome est le point central, je
dirais plutôt que l'on arrive à Rome quand on a réussi à emprunter tous
les chemins en même temps. Nous sommes à Rome si nous entrons par
toutes ses portes à la fois. Pour arriver à cela, il faut d'abord avoir
emprunté chaque chemin séparément. Il faut connaître les pierres, les
détours, les arbres, les buissons, les embûches et surtout les odeurs
de chaque
chemin, avoir passé une nuit à la belle étoile au bord de chacun
d'eux...
Certaines religions essayent de nous faire croire que le point central
est une question de mérite : vous allez au Paradis si vous avez mérité
d'y aller. Essentiellement je trouve cela une fadaise.
Un bébé n'a pas le moindre mérite, il se trouve pourtant régulièrement
au point central. Quand il vient de téter et que ses parents le
prennent dans leurs bras, il est au point central, naturellement,
gratuitement. Il invite même ses parents à l'y rejoindre, comme ça,
sans
rien dire. Cela se fait tout seul. Plus on grandit, plus il
devient complexe d'atteindre le point central ou au moins de s'en
approcher. C'est toute la difficulté et la grandeur d'être adulte. Un
fermier qui se repose le soir sur le pas de sa porte, satisfait du
labeur accompli, qui a fait travailler ses bêtes sans les faire
souffrir et qui a bien nourri sa famille... s'approche du point
central et on peut dire que son mérite y contribue. Mais j'ai aussi vu
des personnes totalement néfastes, méchantes, qui pourtant nagent en
plein
bonheur. Ce sont des personnes qui s'enferment dans leurs idées et
leurs ambitions et les imposent au reste du monde. Ce sont des égoïstes
et
qui savent manipuler les autres. Depuis la Bible jusqu'au
dernier roman
de gare, en passant par Marcel Pagnol, tout le monde nous crie aux
oreilles que ces égoïstes finissent toujours par le payer. J'ai vu
nombre de cas où ces égoïstes joyeux et méchants finissaient par
s'écraser sur le mur des Réalités. Leur façon de faire aveugle, cela ne
dure pas éternellement. Un jour elles se rendent compte que cela ne
marche pas. Il se passe une grosse catastrophe. Mais j'ai aussi vu des
cas de
personnes qui poursuivaient leur bulle aveugle jusque sur leur lit de
mort et
qui de surcroît passaient de vie à trépas d'une mort absolument
indolore. La cerise sur le gâteau. Ces personnes sont-elles vraiment
heureuses ? J'en ai observé plusieurs. Je crois que oui. Ce jugement
est difficile parce qu'il me faut mettre de côté la masse de dégoût
qu'elles
m'inspirent. Ma solide formation scientifique me donne les leviers
nécessaires pour atteindre un minimum d'objectivité. Le sujet est
subjectif mais en mon âme et conscience je réponds oui.
Existe-t-il des démons qui veulent nous empêcher d'atteindre le point
central ? Je ne crois pas plus aux créatures maléfiques qu'aux anges.
Mais je crois à ce que ces créatures représentent : nos peurs. Les
démons sont des images pour parler de nos peurs, ce sont des symboles.
Ces peurs n'ont pas de volonté
propre. Elles ne sont pas des êtres pensants qui nous veulent du
mal. Simplement elles sont là, elles existent et il faut faire avec
elles. La volonté de nous faire mal ou peur peut exister, par exemple
chez des prêtres ou
des politiciens, qui nous font peur ou mal exprès pour nous manipuler.
Mais nos propres peurs, elles n'ont pas d'intelligence ou de volonté.
Pourquoi les peurs
existent-elles ? Pourquoi la Nature a-t-elle inventé quelque chose qui
nous fait mal ? Pour notre bien, pardi ! A la base, chez les simples
lézards,
la douleur est une chose très simple. Si le lézard pose sa patte sur
une pierre trop chaude, il aura une sensation de douleur et cela lui
fera retirer sa patte. Ainsi il évite de se faire brûler les pattes.
Chez les animaux plus sophistiqués, comme les chiens, les oiseaux ou
les humains, la douleur est anticipative. Vous
avez mal rien qu'en voyant une pierre chaude. Cette douleur, c'est la
peur. La peur de vous brûler. Cela fait de vous un animal beaucoup plus
performant que le lézard. Un humain est capable d'avoir peur de choses
qu'il ne voit pas ou qui n'existent même pas encore. Le désavantage,
c'est que cela vous rend manipulables. Si on dit à un enfant qu'une
case
du village contient un dieu terrible qui le dévorerait, cet enfant aura
une peur viscérale à l'idée d'entrer dans la case. Pourtant cette case
ne contient qu'une petite statue en bois, recouverte de tôle de
laiton, bien incapable de lui faire le moindre mal... Il y a là tout un
jeu, qui mériterait qu'on en parle longuement. Un peu toute l'histoire
d'une personne est un va et vient entre ses peurs et ses plaisirs. Bien
gérées, les peurs nous protègent. Mal gérées, elles nous détruisent. En
particulier elles nous empêchent d'atteindre le point central. A ce
titre on représente souvent les démons comme étant des gardiens, qui
nous empêchent de passer une
porte, un pont ou un chemin. Aux petits enfants mâles on apprend
qu'il faut affronter ces démons l'épée à la main et les tuer, pour
pouvoir continuer son chemin. Aux petites filles on explique qu'il faut
trouver des astuces pour tromper ou contourner les démons. Aux adultes
on dit plutôt qu'il faut parler aux démons, essayer de les comprendre,
dialoguer avec eux... Alors ils deviennent moins effrayants, ils
peuvent céder le passage sans combattre, voire ils deviennent des
partenaires ou même des amis. Le rôle d'un démon est souvent simplement
de nous arrêter. Il faut nous asseoir, et regarder ce qui se trouve
derrière le démon. Il faut réfléchir, se renseigner, poser des
questions au démon, repartir en arrière et revenir plus tard... Quand
nous serons assez renseignés, assez sages pour affronter la suite du
chemin, le démon nous laissera passer. Il se peut aussi que nous
comprenions que le démon a raison et qu'il vaut mieux abandonner
définitivement ce chemin-là. Il peut y avoir là un gros piège : on peut
être convaincu qu'un chemin doit rester fermé, alors qu'il est facile à
emprunter et très intéressant... D'une certaine façon, toute
l'éducation d'une personne consiste à lui apprendre à traiter avec ses
démons. Cela demande beaucoup de temps et de pratique. Cette éducation
n'est pas qu'une question de savoir et de raison. Ni même de sagesse.
Je me souviens que quand j'étais enfant je n'arrivais pas à sauter des
ruisseaux ou des caniveaux. Je voyais des amis les sauter facilement.
Si on m'avait demandé si ma musculature me permet de sauter ces
modestes obstacles, j'aurais répondu oui. Mais quelque chose de trop
fort m'empêchait de sauter. Cela arrêtait net tout élan. Et puis un
jour... j'y suis arrivé. Pourquoi ? Est-ce que j'ai fait suffisamment
de
sauts sur du plat et mon cerveau a appris à mieux gérer les sauts ?
Est-ce que mon cerveau a poursuivi naturellement sa maturation et gère
mieux ces petites angoisses ? Un peu les deux à la fois sans doute.
Toujours est-il que la raison n'a pas eu grand-chose à dire, ni le
savoir. Je crois que si un adulte m'avait pris en charge, m'avait fait
faire des sauts sur du plat, m'avait expliqué les raisons de ma peur,
m'avait donné des trucs et des exemples et m'avait laissé le temps
nécessaire... j'aurais sans doute réussi à sauter quelques années plus
tôt. Et je serais un meilleur sauteur actuellement. Si je devais
dessiner un démon pour représenter ma peur de sauter, comment serait-il
? Peut-être des lianes vertes qui me retiennent et m'empêchent de
sauter ? Peut-être une armée de petits gnomes qui se trouvent de
l'autre côté de l'obstacle, qui me font peur avec leurs lances acérées
pointées vers moi ? C'est dans ma propre
tête que ces démons ont été vaincus et il n'y a eu aucun combat.
Rien n'a été forcé. Personne n'a été blessé. Il n'y a pas eu de viol.
Rejoint-on le point central à la mort ? En d'autres termes : y a-t-il
une vie après la mort ? Le Paradis existe-t-il ? L'enfer est-il le
triomphe des peurs/démons ? Je crois qu'il n'y a rien après la mort,
que le cerveau s'éteint est n'est plus capable de ressentir quoi que ce
soit, qu'aucune âme ne s'en extrait pour aller ressentir des choses
ailleurs. Je n'ai aucune preuve de cela, ce n'est que mon impression
personnelle. Je
ne crois pas non plus qu'il soit très important de parler de tout cela.
S'il
existe une vie après la mort, on verra bien...
Occupons-nous plutôt de notre vie de notre vivant. Le seul point sur
lequel je voudrais affirmer quelque chose, est que je nie à quelque
religion
que ce soit d'avoir le monopole du chemin vers le Paradis. Ce que les
religions racontent est toujours
intéressant. Ce sont des images et des allégories, qui peuvent nous
donner des indications pour mieux nous comprendre nous-mêmes, pour
comprendre les autres, donc pour s'approcher du point central. Parfois
aussi il faut faire exactement le contraire de ce qu'une religion
enseigne. Les religions disent beaucoup de fadaises, voire sont conçues
expressément pour nous diminuer, pour nous réduire en esclavage...
Seule la Culture peut nous éclairer sur ce chemin, c'est à dire les
livres, les sages, notre expérience, la méditation... La mort est
pourtant un symbole fort des chemins vers le point central. Une
personne qui n'arrive pas à réaliser quelque chose qu'elle veut
vraiment, peut songer au suicide.
L'important est qu'elle comprenne qu'elle ne doit suicider qu'une
partie d'elle-même. Cela veut dire qu'elle doit renoncer à certaines
choses. C'est plus facile à dire qu'à faire. Cela peut passer par bien
des refus et des douleurs. Mais c'est une voie obligée. Par exemple il
faut renoncer à recevoir l'approbation de ses parents. Il faut renoncer
à l'affection d'une personne qui pourtant semblait le seul chemin vers
le point central. Il faut renoncer à devenir ceci ou à posséder cela...
On est estropié par ces renoncements. Ce n'est souvent que plus tard
que
l'on comprendra que l'on a bien fait. C'est tellement dur... que la
menace de mort n'est parfois pas de trop. Criminelles sont ces
personnes qui décident pour nous de ce que nous devons abandonner...
Seuls des personnes qui nous aiment vraiment, comme des parents,
peuvent avoir le droit de faire cela. Parce-que quand nous sommes
enfants, nous sommes un peu bêtes et il faut bien que nos parents
décident des choses pour nous, pour nous protéger. Criminelles aussi
sont les personnes qui nous menacent de mort pour obtenir ce qui leur
convient à elles.
Faut-il être beau, jeune, riche et en pleine forme pour être heureux ?
Les marchands de savon, de voitures et de crème à raser essayent de
nous le faire croire. C'est leur
façon de nous manipuler. J'ai vu des sourires ravis sur le visage
d'handicapés graves, de vieillards, de pauvres... Un oiseau a besoin de
pouvoir voler pour être heureux. Je ne sais pas voler, pourtant je suis
heureux. On peut construire son bonheur dans des circonstances très
diverses. Il faut même s'en méfier : combien de religions ou de
systèmes politiques n'ont-ils pas réussi à rendre des peuples béatement
heureux tout en les réduisant en esclavage ? Pour les humains, je crois
qu'une clé du bonheur est de s'entendre avec les autres. Le point
commun entre les handicapés ou les pauvres qui sont heureux, est qu'ils
vivent en communautés, qu'ils sont soutenus par des médecins ou des
notables bienveillants. Si vous avez quelqu'un qui peut vous tenir par
la main, vous ne craignez plus rien. Même un mourant est rassuré, s'il
sait qu'au moins une personne sera là pour lui tenir la main. Une part
de la douleur d'un parent dont un fils est mort à la guerre, est
qu'il a peut-être agonisé sans personne près de lui. Dans toute
situation la question se pose : faut-il se rendre heureux ensemble en
acceptant la situation, où faut-il se battre ensemble et travailler à
la
changer ? Tout dépend des circonstances. Parfois changer les choses est
impossible et il faut se tenir les mains pour les accepter. Parfois le
progrès est possible et il faut se tenir les mains pour le construire
tous ensemble. Parfois aussi la tentative de progrès amène la
désolation.
La drogue rend-elle heureux ? Le sujet est délicat. J'ai vu des
personnes manifestement heureuses après une prise de drogue. En plus
elles
agissent comme un aimant sur d'autres personnes. Nous sommes
viscéralement à la recherche du point central, nous sommes donc
attirés par toute personne qui semble l'avoir atteint.
Un jeune, qui n'a pas beaucoup d'expérience, peut être fasciné par un
toxicomane, jusqu'à le vénérer. Il en est amoureux, il a besoin d'être
près de lui... Pour une personne mature c'est plus
relatif. J'ai vu ce que ces drogués deviennent, je vois qu'ils se
droguent parce qu'ils n'ont pas les vrais chemins vers le point
central... Je les ressens plutôt comme de pauvres petites choses
malades, bloquées dans une ornière du chemin. Au fil du temps, les
effets de
leur drogue s'accumulant, quand je les vois amaigris et malades,
désocialisés, délirants, angoissés... si c'est cela le bonheur... non
merci. Je
n'ai rien à reprocher
à une personne qui essaye une drogue, pourvu qu'elle le fasse de façon
saine. Cela veut dire qu'il faut qu'elle ait bien compris à quoi on
joue, qu'elle ait attendu d'avoir l'âge nécessaire, qu'elle utilise une
drogue pas trop dangereuse, qu'elle soit accompagnée par des personnes
responsables et
compétentes... Si toutes ces conditions sont remplies, le trip peut lui
apprendre des choses. Il peut même lui donner une idée du point
central, ce qui est intéressant. Cela lui donne des
indications sur ce qu'elle doit chercher. Le point central par la
drogue, c'est un peu comme regarder une photo d'un avion dans un
illustré. Cela vous montre de quoi il s'agit. Mais se trouver en face
d'un vrai avion, qui sent l'essence brûlée et sur lequel le Soleil se
reflète, entendre son moteur rugir et le voir décoller, ou encore mieux
se trouver à bord... c'est tout de même autre chose. Je voudrais que la
Société soit un peu plus intelligente et responsable en matière de
drogues. Je voudrais qu'elle
soit moins intégriste contre les toxicomanes. Mieux elle comprendra
les chemins vers le point central, moins elle aura peur des toxicomanes
et mieux elle pourra les aider. Pour moi, le meilleur avant-goût du
point central est d'avoir eu une enfance heureuse. Cela ne veut pas
dire une enfance sans chagrins mais plutôt une enfance avec des
personnes matures, qui avaient envie de vous tenir par la main. Alors
la drogue n'est vraiment d'aucun usage. Si vous en prenez, vous
passerez un moment à vous ennuyer, en attendant que les effets cessent.
Vous préférez de loin voir vos amis ou votre petit(e) amie(e), en
buvant de l'eau minérale ou du jus d'orange. A propos d'avions, j'aime
beaucoup le simulateur de vol. Quand vous
pilotez un avion, ne fus-ce que sur simulateur, chaque chose que vous
faites a des répercussions sur tout le reste. Par exemple si vous
tournez, l'avion va en même temps ralentir, perdre de l'altitude et son
moteur va baisser de régime. Pour bien atterrir, vous devez changer de
façon de piloter : au lieu de contrôler la vitesse avec le
moteur, vous devez la contrôler avec le manche à balais. Au lieu de
contrôler l'altitude avec le manche à balais, vous devez la contrôler
avec le moteur. Au début, bien piloter un avion semble une cacophonie
insurmontable. Vous devez faire cinq à sept choses contraires en même
temps. Au fil des entraînements, on s'y habitue. Finalement on arrive à
faire de jolis vols de façon naturelle, harmonieuse... Vous apprenez
aussi qu'il y a plusieurs façons de faire tourner un avion, plusieurs
façons de le faire monter ou descendre... C'est une puissante école. On
dit des toxicomanes qu'ils ont un esprit "linéaire", "unidimensionnel",
comme dans un couloir avec une seule sortie au bout.
L'Aviation est un remède à leur proposer.
Le sexe est-il un chemin vers le point central ? Voila une question qui
fait sourire. Elle fait aussi très peur, par exemple aux adolescents.
Pour moi, le sexe est une chose extrêmement complexe, qui doit être
vécue de façon très simple, avec naturel. Souvent, le sexe est plutôt
un genre de
sautillement naïf pour atteindre le point central. Les machos
séducteurs qui se comportent comme des lapins, les films pornos...
c'est un peu risible. Cela cause des dégâts aussi. Ces filles
apeurées qui écartent les cuisses en croyant faire ce qu'on attend
d'elles, ces émotions trahies ou violées... cela en a détruit plus d'un
ou plus d'une. Je vois plutôt le sexe comme un exercice de vie. Là,
vous tenez quelqu'un par la main et même bien plus que par la
main. Ce que vous apprenez en faisant l'amour, les émotions d'amour et
les envies que vous ressentez, tout cela peut vous donner des
indications
pour votre vie de tous les jours. Il faut bien les écouter. Il faut les
laisser venir et briller en soi, comme les pensées de la méditation. Il
faut
s'en méfier aussi. Ce sont des sortes de démons de plaisir, qui
nous poussent à faire des choses, qui nous poussent à prendre certains
chemins. Ces démons ne sont pas forcément nos amis. Eux aussi il faut
les apprivoiser, avant qu'ils puissent être nos amis. Il faut beaucoup
de temps pour bien faire l'amour. La difficulté
est que vous devez vous mettre à l'unisson à deux. L'avantage est que
vous vous aidez l'un-l'autre. Avec du temps et de l'amour, on y arrive
et on y arrive même très bien. On aurait tendance à prendre l'orgasme
comme le moment où le point central est enfin rejoint. Je crois qu'il
faut se méfier de cet idée. L'orgasme c'est très bien. Il a sa place
dans le processus. Mais deux vieillards qui se tiennent tendrement par
la main sur un banc public, peuvent être bien plus près du point
central
que deux gamins qui se collent
orgasme sur orgasme.
Les homosexuels ont-ils accès au point central ? Certaines
religions et certains systèmes politiques punissent l'homosexualité de
mort. Si la punition est aussi grave, l'homosexualité doit donc donner
un plaisir vraiment exceptionnel... Il ne faut pas voir les choses
ainsi. Ces religions et ces systèmes politiques ont simplement peur de
l'homosexualité, parce qu'ils ne la comprennent pas. Ils croient que le
chemin vers le point central est que chaque personne fonde une famille
avec un membre de l'autre sexe, et fasse des enfants. Ils n'ont que
cette image de famille en tête. Alors forcément tout ce qui est
différent leur inspire du dégoût. Et puis aussi ils veulent que les
gens fassent des enfants pour avoir plus tard beaucoup de soldats et
beaucoup d'ouvriers. Comme ils obligent tout le monde à fonder une
famille hétérosexuelle, cela cause bien des malheurs. Ils empêchent
ainsi presque tout le monde de s'approcher du point central, même les
hétérosexuels. Moi aussi, au début, je trouvais que les homosexuels
c'est bizarre. J'en ai rencontré, et j'ai senti qu'ils sont très
heureux ensemble, comme les hétérosexuels qui s'aiment vraiment.
Depuis, je trouve qu'un couple homosexuel qui s'aime, c'est exactement
aussi mignon qu'un couple hétérosexuel qui s'aime. J'ai un avantage sur
ces religions et ces politiques : je sais que le point central existe
et je sais le reconnaître quand j'en vois un. Et puis, les homosexuels
peuvent très bien avoir des enfants. Il suffit de ne pas les en
empêcher, de ne pas leur faire des misères bêtement. Alors attention :
ce n'est pas parce qu'on a eu des relations homosexuelles quand on est
ado qu'on est forcément un homosexuel. Quand on est ado,
l'homosexualité a l'avantage d'être une façon plus simple d'apprendre à
aimer. Il est plus facile ainsi de s'intéresser à la personne qu'on
aime et à soi-même. Mais si dans
le fond on est hétérosexuel, on finira par fonder une famille
hétérosexuelle... Il existe aussi des personnes qui ne sont ni vraiment
hétérosexuelles ni vraiment homosexuelles. Alors tout dépendra de la
personne dont elles tomberont amoureuses.
Les religions nous disent qu'il faut obéir à Dieu pour rejoindre le
point central. Voire-même que Dieu est le point central. Ce n'est pas
idiot, à condition de ne surtout pas
l'entendre dans le même sens que les religions. Qu'est-ce que Dieu ? Le
créateur de l'Univers et le créateur des humains ? Disons simplement
que l'Univers est tel que la Vie est apparue, par exemple sur la
Planète Terre. Chaque
forme de vie a sa façon d'être. Nous sommes des organismes très
complexes, dotés de nombreuses capacités et de nombreuses contraintes.
La Sélection Naturelle de la Nature nous a ainsi fabriqués que nous
avons faim. La faim
nous fait manger. La nourriture que nous mangeons nous donne de
l'énergie et des vitamines pour continuer à vivre. Faut-il refuser de
manger ? A priori non. Il faut obéir à cette loi que la
Nature a placée en nous. Il faut manger. Il faut "obéir à Dieu". Il ne
faut pas non plus
obéir n'importe comment : il vaut mieux ne pas manger en conduisant une
voiture, il vaut mieux ne
pas manger entre les repas... La loi naturelle qui nous
impose de manger, est soumise aux autres lois. Ces autres lois sont
elles-mêmes soumises à la loi de manger. Par exemple dans la Loi de
beaucoup de pays, il est expressément marqué qu'une personne ne peut
être condamnée à la prison si elle a volé de la nourriture pour ne pas
mourir de
faim. Bien obéir à toutes ces lois, trouver des compromis constructifs
entre elles, n'est pas simple. Il faut de la culture, de l'expérience,
des amis, une Justice bienveillante... C'est ainsi qu'un peuple peut
s'approcher du point central. Le terme "Islam", par exemple, veut
dire "Paix" ou "Harmonie". Il veut donc dire, je suppose : "point
central".
Le but de l'Islam est expressément d'offrir la paix à chaque individu.
Plus globalement, le but de l'Islam est de bâtir une Société de paix.
Au cours de l'Histoire, certains pays
musulmans y sont relativement bien arrivés, d'autre pas... peu importe.
La religion musulmane n'est pas la seule à essayer d'offrir la Paix et
l'Harmonie à
l'Humanité. Ce que je n'aime pas, c'est quand des occidentaux traitent
l'Islam de tous les maux ou quand des musulmans traitent d'autres
religions d'arriérées ou de criminelles. Chaque religion ou système
philosophique est un enseignement, qui convient à certaines personnes
mieux qu'à d'autres mais qui est un éclairage pour tous. Tel est le
chemin vers le Bouddha. Tel est le chemin du Bouddha. Parmi les lois
naturelles qu'il faut apprendre,
il y a par exemple le fait qu'une femme ne décide pas du moment où
elle a envie de câlins. Certains hommes reprochent aux femmes de ne
pas être disponible quand ils le veulent. Appelez cela un crime contre
les femmes, contre la Nature ou contre Dieu. Peu importe, c'est un
crime.
Tout ce qu'on peut demander à une femme est que quand son désir
survient elle le vive avec du coeur.
Le drame de l'Humanité est que sans cesse des personnes imaginent
détenir "le" chemin vers le point central. Quelle plaie. Du parent qui
torture son enfant pour son bien au dictateur génocidaire, tous ont le
point central en tête, avec ô combien de bêtise. La seule attitude
valable vers le point central est d'accepter l'idée qu'il n'y a pas de
recette en particulier, que chacun ou chaque groupe doit pouvoir
trouver ses chemins par lui-même. Même à l'intérieur du cerveau, il
existe des petites glandes du plaisir différentes les unes des autres.
Il faut essayer de se concerter au
maximum entre tous, pour s'entraider et ne pas s'empêcher les uns les
autres. Il faut se refiler des trucs et des conseils, faire des essais
ensemble... L'armée et la police sont nécessaires, parce que
régulièrement une personne ou un groupe croit avoir trouvé une bonne
méthode pour elle-même et se met à faire du mal aux autres. Albert
Einstein était antimilitariste. Quand il a fallu se battre contre les
armées nazies,
il a temporairement changé d'avis. Il a même signé un lettre pour
demander
que les alliés fabriquent la
bombe atomique. J'ai un tel dégoût de l'esprit des nazis que je le
comprend parfaitement. Etait-il pour autant nécessaire de faire les
premiers
bombardements nucléaires sur des objectifs civils ?
Nagasaki et Hiroshima sont sans doute d'authentiques crimes contre
l'Humanité. Mais pouvais-t-on prendre le risque de voir triompher les
nazis et les autres puissances de l'Axe ? Ma réponse est non. Ces deux
lumières blanches au-dessus du Japon n'ont rien eu du point central.
J'aurais simplement
voulu que cet armement nucléaire soit placé entre des mains plus sages,
qu'il ait été confié à des personnes qui avaient moins peur.
Un problème avec les personnes qui croient détenir le bon bout, est
qu'elles y sont viscéralement attachées. Prenez par exemple un jeune
qui a été éduqué par des intégristes. Ils lui ont enseigné "le" chemin.
Le jeune n'a pas vraiment compris tout ce qu'on lui a expliqué. S'il
l'avait compris il aurait éclaté de rire et serait parti. Mais il croit
sincèrement que ces intégristes ont raison. Ils se sont occupés de lui,
ils lui ont fait ressentir certaines émotions... ils sont maintenant
pour lui la Vérité. Si vous essayez de le raisonner, de lui
démontrer que ces intégristes sont des idiots ou des manipulateurs,
c'est comme si vous tentiez de briser le chemin vers le point central.
Le jeune paniquera, il sera prêt à n'importe quel acte irrationnel
contre vous. Au mieux il rira de vous, au pire il vous tuera. Le
remède à cela consiste à bien s'occuper du jeune avant qu'il ne
rencontre les intégristes, à lui ouvrir l'esprit, lui offrir des
émotions, dialoguer avec lui, lui montrer la multiplicité des
choses... Alors, quand il rencontrera les intégristes, il les trouvera
ennuyeux.
Le sourire est sans doute la plus belle évocation du point central. Une
personne qui sourit est proche du point central. Si elle nous sourit,
la chaleur naîtra spontanément dans notre coeur et nous souriront à
notre tour. Si la personne ressent un amour tout chaud pour nous, son
sourire nous donnera une chaleur très forte, qui nous fera fondre. Les
statues du Bouddha
se caractérisent par leur sourire :-).
Faut-il être honnête pour être heureux ? La réponse est oui. Si nous
disons des mensonges, aux autres ou surtout à nous-mêmes, ce sont
autant de parties de notre cerveau qui se ferment. Elles ne pourront
plus être à l'unisson. Ce que j'écris-là est un beau principe.
Dans la réalité c'est nettement moins simple. Il arrive toujours un
moment où on se rend compte que l'on causera plus de malheur en disant
une chose qu'en ne la disant pas. Il est très difficile, en fait,
d'être vraiment honnête. Pour essayer d'y arriver, il faut beaucoup
d'expérience et de culture. Il faut éviter à l'avance de faire
certaines choses, il faut trouver des façons intelligentes d'être
honnête... Un bon truc est d'essayer de parler le plus souvent possible
avec les personnes que l'on connaît. Les scientifiques essayent d'être
honnêtes
en vérifiant scrupuleusement ce qu'ils croient. Si plus tard ils se
rendent compte
qu'ils se sont trompés, un peu ou beaucoup, ils essayeront de le
reconnaître le
plus vite possible. Chaque pays, chaque peuple, chaque
culture ou chaque religion, a ses trucs et ses conventions pour essayer
d'être honnête. Un élément très important est le pardon. Les personnes
qui sont près du point central sont généralement des personnes sages,
qui savent un peu traiter tous ces problèmes d'honnêteté. On leur
avouera plus facilement une faute que l'on a commise. On ne craint pas
qu'elles se fâchent et on peut espérer qu'elles proposent une solution
constructive pour retrouver le point central. Par contre les personnes
qui sont querelleuses, acariâtres, de mauvaise foi, lâches... on
évitera de leur faire des confessions. Elles risquent d'empirer la
situation. Certains trucs pour retrouver le point central sont assez
chouettes, d'autres peuvent être ignobles. Imaginons par exemple qu'un
peuple veut exploiter un autre peuple, le réduire en
esclavage. C'est une façon de mentir. Donc le peuple exploiteur va
s'éloigner du point central. Le truc consiste à expliquer que le peuple
esclave, et bien ce ne sont pas vraiment des êtres humains... Ils
ressemblent à des humains c'est vrai, mais en fait ce sont plutôt des
animaux. On va les comparer à des rats, à des singes... On va expliquer
qu'ils n'aiment pas vraiment leurs enfants... Comme ce ne sont pas des
humains, il n'est pas nécessaire d'être honnête avec eux. On peut les
exploiter librement... tout en restant au point central. Ce genre de
trucs foireux ne fonctionne jamais vraiment bien, forcément. Cela a
tout
de même permis d'exploiter ou d'exterminer des peuples, sans que
presque personne ne bronche. J'ai un jour vu une gazette imprimée par
des pédopornographes. Ils avaient fait des trucages photo, où on voit
des enfants qui reçoivent des seaux d'eau sur la tête, qui disent des
bêtises... Toute la gazette servait à dire : "Vous voyez, les enfants,
ce sont des petits machins marrants avec lesquels on peut faire ce
qu'on
veut...".
Le point central est-il un médicament ? Il semblerait que oui. On sait
depuis toujours que quelqu'un qui est heureux sera en meilleure santé.
Les études des scientifiques montrent que quand on est
heureux, quand on se sent bien, quand on rit... le cerveau libère des
produits dans le sang. Ces produits vont faire se réparer les
blessures, ils feront que les organes fonctionnent mieux... Il n'est
pas nécessaire d'être heureux tout le temps. Il faut juste l'être un
peu tous les jours. Les personnes qui n'arrivent plus à être heureuses,
qui sont tout le temps trop stressées et qui n'arrivent plus à
décompresser... n'auront plus ces médicaments naturels. Leur corps et
leur esprit vont lentement se dégrader. Elles vont attraper des
maladies
qu'elles n'auraient pas eues sinon. Elles vont souffrir beaucoup
plus fort de problèmes de santé qui n'étaient pas graves à la base.
Le rire est un massage du cerveau. Quand on vous raconte une blague, on
vous décrit une situation un peu bizarre, qui crée une petite tension
en vous, une légère inquiétude. Quand vient la chute de la blague, la
tension trouve sa solution, comme un élastique tendu qui lâche
soudainement. Ce petite choc est le rire, qui secoue tout le cerveau.
Un cerveau qui a beaucoup ri, qui a appris des tas de chutes
marrantes, est un peu plus intelligent et un peu plus détendu. Il est
mieux adapté à rejoindre le point central. Les blagues pour lesquelles
on rit le plus fort sont celles qui touchent un peu à nos vrais
problèmes. Si le rire est bruyant, c'est forcément qu'il a une fonction
sociale. Des personnes qui ont ri ensemble des mêmes blagues seront
mieux aptes à rejoindre ensemble le point central.
L'ordre est-il nécessaire au point central ? Les dictateurs promettent
de l'ordre. On ne se sent jamais si bien que quand tout semble à sa
place. L'ordre est aussi un blocage. C'est une situation figée. Un
système éternellement en ordre ne peut pas s'adapter aux événements. Il
finit par mourir et peut entraîner bien des personnes dans sa
décrépitude. Je crois que l'ordre est plutôt un état temporaire, par
lequel il peut être bon de passer. Défaire un ordre établi peut aussi
être une grande source de plaisir. Cela doit être une respiration.
Faire et défaire, c'est toujours travailler. Un nouvel ordre ne doit
pas forcément être identique au précédent. Il doit plutôt être adapté à
la situation. Chaque personne ou chaque culture a un peu sa définition
de ce qu'est un ordre.
La liberté rend-elle heureux ? Il faut sans doute prendre cette
question dans l'autre sens : c'est quand on est heureux que l'on se
sent libre. Une personne perdue dans la savane est libre. Elle peut
trouver à manger et se construire une cabane. Elle se sent pourtant
très angoissée d'être seule, perdue. Un parent peut avoir des
obligations pour sa famille toute la journée et pourtant se sentir
libre. Si on lui enlève un seul membre de sa famille il ressent une
détresse. Bien sûr on peut se sentir libre en passant une semaine de
camping dans la savane et le parent le plus dévoué sent parfois sa
famille lui peser. La vie est ainsi faite. Beaucoup de prisonnier
prennent de la drogue pour se sentir heureux quelques instants. Quand
ils sont sous l'effet du produit ils sont toujours prisonniers mais ils
se sentent libres. Un mauvais chef est un chef qui enferme ses
subordonnés : il leur fait faire des travaux qui ne leur conviennent
pas, qu'ils n'aiment pas. Les subordonnés se sentent piégés par leur
chef. Un bon chef essaye de faire faire à ses subordonnés ce qu'ils
savent bien faire. Alors chaque subordonné est heureux au travail et en
éprouve de la gratitude. On ne peut pas toujours faire plaisir à ses
subordonnés. Il y a toujours bien quelques travaux ingrats qui sont
pourtant nécessaires. Cela de bons subordonnés peuvent le comprendre.
Si le chef leur fait un câlin après, ce sera parfait. Plus on sait bien
faire de choses, comme si elles étaient une seconde nature, plus on
aura de chances d'être heureux. Une part des malheurs de l'Humanité est
que l'on force des personnes à faire des choses qu'elles n'ont pas
apprises à faire. Par exemple fonder une famille. Plus subtilement, on
fait croire à des personnes qu'on leur a appris des choses alors qu'il
n'en est rien. On leur donne un diplôme mais il est creux. L'idéal est
que chacun soit capable d'être son propre cher. Cela ne veut pas dire
qu'un chef n'est plus utile. Si chaque individu sait se contrôler
lui-même, le "chef" devient plutôt un sorte d'organisateur, qui rend
service aux autres en coordonnant leur travail de groupe.
Le passé et l'avenir permettent-ils d'atteindre le point central ? Le
passé a eu lieu et l'avenir va avoir lieu. Donc il n'ont pas lieu. Ils
n'existent pas dans le présent. Ils n'existent que dans
notre esprit. Nos souvenirs, nos remords, nos craintes et nos espoirs
sont des images que nous nous faisons du passé et de l'avenir. On peut
être recroquevillé de douleur en pensant à des choses qui se sont
passées ou qui peuvent arriver. On peut aussi faire de très beaux rêves
en se remémorant des événements heureux ou en imaginant un futur rose.
Il n'y a pas beaucoup de logique dans tout cela. Une personne
importante nous dit un mot méchant, et hop nous nous écroulons torturé
d'angoisses. Des souvenirs
et des peurs horribles nous viennent à l'esprit. Elle nous dit un mot
gentil, et hop nous
savourons un tendre bien-être, avec des rêves et des idées si
agréables... Aucun de ces souvenirs ou de ces espoirs n'est tout à fait
vrai. Notre mémoire et notre imagination déforment toujours tout, un
peu ou beaucoup. Il ne faut pas tellement parler du passé ou de
l'avenir, mais plutôt de ce qui nous vient à l'esprit. Si nous
imaginons des choses impossibles, ce ne sont jamais que des images dans
notre cerveau, comme les souvenirs et les espoirs. Les oeuvres d'art
sont des rêves irréels mais qui ont toujours un rapport avec nous. Nos
rêves, nos images, ne valent rien, pourtant c'est la chose la plus
fabuleuse dont nous disposons. On est prêt à payer des fortunes pour
les rêves que Van Gogh ou Dali ont mis sur des toiles. Certaines
inventions sont achetées à prix d'or, parce qu'elles permettent de
rêver un avenir meilleur. Le travail des archéologues et des historiens
est très apprécié. L'important, c'est de faire la différence entre le
vrai et le faux. Aucune image n'est jamais tout à fait vraie. Mais si
on sait que beaucoup sont tout à fait fausses, on a une chance d'être
heureux. Que vous soyez une équipe de chercheurs qui cogitent
ensemble, une amante merveilleusement caressée ou un politicien austère
préoccupé par l'avenir de son peuple, si vous savez laisser vivre les
images tout en ne les prenant pas pour la réalité, vous aurez une
chance d'être heureux.